Fabio Quartararo, surnommé « El Diablo », s’est imposé comme l’un des talents les plus éclatants du MotoGP moderne. À seulement 25 ans, le pilote français a su conquérir le sommet de la catégorie reine, un exploit rare pour un tricolore dans un univers longtemps dominé par les Espagnols et les Italiens. De ses débuts précoces sur les circuits espagnols à son sacre mondial en 2021, son ascension fulgurante est le fruit d’un mélange de talent brut, de travail acharné et de persévérance. Dans cet article, nous revenons sur le parcours hors du commun de Fabio Quartararo, ses succès, ses défis, et l’impact qu’il a eu sur le paysage motocycliste français.
Des débuts prometteurs : l’éclosion d’un prodige
Une passion née très tôt
Né à Nice en 1999, Fabio Quartararo baigne dès son plus jeune âge dans l’univers de la moto. Son père, ancien champion de France en 125 cm³, lui transmet rapidement la passion des deux-roues. À seulement 4 ans, Fabio enfourche sa première mini-moto, et les premières compétitions ne tardent pas. Conscient des limites du système français en matière de formation, sa famille décide de partir vivre en Espagne, pays reconnu pour son excellence dans la détection et le développement des jeunes talents motocyclistes.
Une ascension fulgurante dans les catégories junior
Intégré très tôt au prestigieux championnat CEV (Campeonato de España de Velocidad), véritable antichambre du MotoGP, Fabio s’y distingue par sa vitesse et sa maturité. Il remporte le championnat CEV Moto3 en 2013… à seulement 14 ans, puis le conserve en 2014. À cet âge, il domine des pilotes plus âgés et plus expérimentés, attirant l’attention des écuries internationales. Certains commencent même à le surnommer « le nouveau Márquez », en référence au prodige espagnol. Ces performances exceptionnelles lui ouvrent la porte du championnat du monde Moto3, grâce à une dérogation spéciale accordée par la FIM. Le monde de la moto venait de découvrir un phénomène.
Une arrivée remarquée en MotoGP
Le pari Yamaha Petronas (2019)
En 2019, à seulement 20 ans, Fabio Quartararo fait ses débuts en MotoGP avec l’équipe satellite Yamaha Petronas SRT. Un choix qui surprend à l’époque : peu s’attendaient à voir un pilote aussi jeune, sans palmarès marquant en Moto2, intégrer directement la catégorie reine. Mais Quartararo déjoue rapidement les pronostics. Dès ses premières courses, il impressionne par sa vitesse, sa capacité à s’adapter et sa maturité en course. Il signe six pole positions lors de sa première saison – un record pour un rookie – et monte à plusieurs reprises sur le podium.
Son style agressif, mais maîtrisé, sa capacité à se battre avec les meilleurs, et sa personnalité attachante lui valent rapidement le respect du paddock et l’affection du public. Son surnom « El Diablo », hérité de son casque et de son surnom d’enfance, devient une marque de fabrique.
Une progression rapide malgré les obstacles
Malgré des performances brillantes, la saison 2019 est marquée par quelques frustrations : pas de victoire, des problèmes techniques récurrents et un manque d’expérience dans la gestion des fins de course. Mais Fabio apprend vite. En 2020, il débute la saison en fanfare avec deux victoires consécutives à Jerez. Il termine l’année avec trois victoires au total et une place dans le top 10 du championnat, malgré une baisse de forme en fin de saison.
Cette progression fulgurante confirme qu’il n’est pas une simple révélation passagère, mais bien un prétendant sérieux au titre mondial. Yamaha décide alors de lui faire confiance pour 2021 en l’intégrant dans l’équipe officielle, aux côtés de Maverick Viñales. L’heure de la consécration approche.
Le sacre mondial : champion MotoGP 2021
La saison 2021 restera à jamais gravée dans l’histoire du sport français. Fabio Quartararo devient le premier Français sacré champion du monde en catégorie reine. Retour sur les éléments clés de cette saison exceptionnelle :
- Un départ canon. Dès les premières courses, Quartararo s’impose comme l’un des hommes forts du championnat. Il remporte quatre Grands Prix avant la trêve estivale, dont ceux du Portugal, d’Italie et des Pays-Bas.
- Une régularité impressionnante.Contrairement à la saison précédente, il évite les erreurs coûteuses et parvient à marquer des points à chaque course. Même sur les circuits moins favorables à sa Yamaha, il reste compétitif.
- Une maîtrise mentale. Sous la pression constante des rivaux comme Bagnaia ou Mir, Fabio reste concentré. Il évite les accrochages, gère la pression médiatique et pilote avec sang-froid, course après course.
- Le titre conquis à Misano. Lors du Grand Prix d’Émilie-Romagne, une chute de Francesco Bagnaia lui permet de décrocher le titre mondial avant même la fin de la saison. Une consécration saluée par le monde entier.
- Un engouement national inédit. Son sacre relance l’intérêt des Français pour le MotoGP. Les audiences explosent, les ventes de motos sportives repartent à la hausse, et Fabio devient une figure populaire, au-delà du monde des motards.
Les défis de la confirmation (2022–2024)
Après son titre mondial en 2021, Fabio Quartararo entre dans une nouvelle phase de sa carrière : celle de la confirmation. La concurrence s’intensifie, notamment avec la montée en puissance des Ducati et le retour de figures comme Marc Márquez. Malgré un début de saison solide en 2022, le Français voit le titre lui échapper de peu, terminant vice-champion derrière Francesco Bagnaia. Sa Yamaha, moins performante face aux machines italiennes, devient l’un des principaux obstacles à sa reconquête.
Pourtant, Quartararo ne baisse pas les bras. Il redouble d’efforts, pousse son équipe à évoluer, et continue d’afficher une régularité remarquable malgré des moyens techniques limités. Fidèle à Yamaha, il incarne la ténacité et refuse les excuses, affirmant à plusieurs reprises son envie de redevenir champion. Cette période, bien qu’ardue, forge un pilote plus complet, plus stratège, prêt à rebondir pour retrouver les sommets.